Commençons la visite de l’église par l’observation de la façade. Asseyez-vous sur le banc de pierre du parvis.
La façade
La façade apparaît simple et harmonieuse. Il se dégage une impression d’équilibre en dépit de l’absence d’une deuxième tour qui semble n’avoir jamais été construite.
Elle est composée de deux niveaux matérialisés par la présence de bandeaux horizontaux. L’espace du rez-de-chaussée s’ouvre par des arcs brisés tandis que celui de l’étage est éclairé par des baies en arcs plein cintre. Les lignes verticales des contreforts plats qui se prolongent à droite le long du clocher rythment cette façade et donnent de la hauteur.
Observez comment on est passé du plan carré du clocher à la flèche polygonale en pierre, comment le maître d’œuvre a provoqué un effet élégant et élancé.
Relevez les nombreux éléments décoratifs, très discrets, qui sont typiques de l’art roman et qui sont encore utilisés dans les premières constructions de type gothique : modillons, dessins géométriques… Voyez comment ils marquent les lignes et donnent du relief aux surfaces.
À l’arrière-plan, la rosace est placée au ras de la terrasse. Elle ajoure la base de la surface plane du pignon qui rappelle la façade de certaines églises romanes. Au-dessus, une ouverture en forme de trèfle aère les combles.
Le portail, typique du Beauvaisis, est marqué par la sobriété de sa décoration. Les voussures en arc brisé et agrémentées de dessins géométriques apportent de la profondeur à la façade, tout comme le simple gable triangulaire donne de la hauteur au portail. Les chapiteaux se distinguent par leur nombre et leurs décors remarquablement variés.
Nous avons affaire à une façade du premier gothique, construite dans les années 1130 à 1140/1150, comme on en rencontre souvent en Ile-de-France et en Picardie, dont la composition laisse supposer que nous sommes en face d’un édifice comportant une nef centrale et deux collatéraux.
Pénétrons dans l’avant nef par le portail central.
Avant nef
Que faut-il remarquer ?
- Sa taille importante pour un porche d’église.
- Les trois voûtes avec les premières ogives et la clé de voûte décorée de quatre têtes rayonnantes fréquentes dans la région.
- Les chapiteaux.
Au début du XIXe siècle l’avant-nef était déjà dans un état déplorable. Dès 1845 des travaux furent entrepris mais la restauration méthodique ne commença que vers 1880 avec l’architecte Selmersheim qui confia les sculptures à Victor Corbel et Chervet puis à Jacques-Ange Corbel le fils du premier. Les chapiteaux ont été refaits en s’inspirant de ceux de l’église Saint-Évremond de Creil, qui avait été donnée aux moines au XIIe siècle par le comte de Clermont et qui fut détruite dans les premières années du XXe siècle. À l’extérieur du narthex vous pouvez observer dans l’angle sud un chapiteau qui n’a pas été restauré.
Nous ne sommes pas dans un simple narthex mais dans l’avant-nef, ou galilée, des églises clunisiennes adaptée à la liturgie des clunisiens. La galiléea, comme le porche ou le narthex, joue le rôle d’espace intermédiaire entre le monde temporel et le monde religieux. On y accueillait les morts avant qu’ils ne pénètrent dans l’église ; le clergé y recevait les personnages importants ; les pèlerins et les paroissiens s’y retrouvaient avant et après les offices.
Mais, pour l’ordre de Cluny, l’avant-nef est aussi un outil de la liturgie clunisienne. La coutume voulait que, chaque dimanche, la procession qui se déroulait avant la grand messe à travers le monastère se termine dans l’avant-nef. Les religieux s’alignaient, suivant un ordre hiérarchique, en formant un cercle au milieu duquel se regroupaient les moines chanteurs. Tout le monde entonnait alors les chants du dimanche. Puis, le cérémonial terminé, on pénétrait dans le lieu sacré. Pour Pâques le monastère et l’église étaient lavés à l’eau bénite et les chants concernaient la rencontre de Jésus avec ses apôtres en Galilée (d’où le nom latin de galileea qui est utilisé pour définir cet espace occidental). Pour les moines c’était le symbole de la vie pieuse victorieuse du vice.
Cette avant-nef a été beaucoup remaniée. Elle ouvrait directement sur le monastère et la porte centrale la reliait à la nef. À une époque une petite porte fut percée, sur la gauche, pour permettre aux paroissiens de gagner la partie du bas-côté nord qui leur était réservée sans emprunter la grande porte. Plus tard ce côté fut complètement fermé et servit de sacristie. Selmersheim a rouvert les arcades vers le parvis au XIXe siècle.
Entrez dans la nef par la porte centrale.
L’intérieur – vue générale
La modestie de la façade ne vous a pas préparé à l’importance et à la beauté de l’intérieur ! L’abbatiale de Saint-Leu est plus grande que la cathédrale de Senlis : 71m de long, 21m de large, 21m de haut pour Saint-Leu contre 66,50m, 18m et 17m pour Senlis. Le spectacle est encore plus surprenant si l’église bénéficie d’un rayon de soleil.
Jusqu’à présent rien ne laisse supposer que Saint-Leu ait eu des vitraux remarquables. Les fouilles révélèrent surtout la présence de grisailles. Des morceaux de verre peints en bleu, rouge ou jaune, permettent de penser qu’à certaines époques il y a eu des vitraux plus colorés. À la suite des bombardements de 1944, lors de la réfection de l’église vers 1957, il a été décidé que les vitraux s’effaceraient et viendraient compléter et mettre en valeur l’architecture, le joyau de cet édifice. Pour cela le travail a été confié à quatre maîtres-verriers afin d’éviter la monotonie.
Au cours de la visite observez comment Barillet a éclairé les murs des bas-côtés tout en respectant l’alignement des pierres, Max Ingrand et Godin ont accompagné les lignes verticales des colonnettes et des piliers du chœur et du haut de la nef. Le Chevallier a évoqué les grisailles d’origine au niveau de la tribune.
Avant de poursuivre, retournez-vous
Vous êtes au pied du mur de revers de l’avant nef, de style roman (XIe siècle), qui tranche par rapport à l’élégance de la façade d’un style plus tardif. Observez l’aspect massif de l’ensemble et le côté primitif des colonnes. Ce mur insolite pose un problème car il est difficile d’expliquer sa présence. Il n’a aucun rapport avec le reste de l’église.
Mademoiselle Delphine HANQUIEZ a soutenu le 5 mai 2008 une thèse de doctorat à l’Université Lille III : « L’église Prieurale de Saint-Leu d’Esserent (Oise) – Analyse architecturale et Archéologique » dans laquelle elle propose une explication à ce problème.
Elle y développe l’hypothèse selon laquelle trois édifices auraient été construits sur le site :
1/ Une église carolingienne implantée au X° siècle au-dessus d’un lieu de sépultures datant de l’époque mérovingienne (VII° siècle). Sa structure est apparue lors des fouilles des années 1950 (en gris clair sur le schéma).
2/ Une église romane construite par les Dammartin avant la donation. Ce serait l’église paroissiale restituée lors de la Charte de 1081. Ce mur de revers qui se trouve à près de 20 mètres de celui de l’édifice carolingien (en gris noir sur le schéma) serait le seul vestige que nous ayons de ce deuxième édifice. Les bénédictins y ont appliqué l’avant-nef dont ils avaient besoin pour pratiquer leur liturgie dès qu’ils se sont installés.
3/ Vers les années 1160, alors que l’argent affluait, la décision fut prise de construire une église digne de Dieu, du prestige de Cluny et des bienfaiteurs. C’est l’église que nous connaissons (en blanc sur le schéma).
Cette hypothèse paraît plausible mais seules des fouilles pourraient confirmer cet argument.
C’est le haut de ce mur de revers, percé d’une rosace et d’un trèfle, que l’on voit en façade au-dessus de la terrasse.
Le premier pilier côté nord, particulièrement volumineux, a été remanié au milieu du XVIe siècle à la suite d’un incendie provoqué par les Anglais dans l’église puis de combats lors des guerres de religion.
À la base du mur ont été scellées les dalles ciselées, épargnées par les bombardements (9 sur 42). Elles constituaient le pavage d’une partie de l’entrée de la nef, de l’allée centrale et des bas-côtés. Elles recouvraient les sépultures des bienfaiteurs ayant demandé l’honneur d’être inhumés dans l’église. La plus récente date de 1620, la plus ancienne de 1555. Pour les périodes précédentes des textes nous laissent supposer que, au XIIe siècle, Roaide, l’épouse du fondateur Hugues de Dammartin, ainsi que ce dernier qui finit ses jours comme moine au Prieuré, leur fils Pierre, puis, au XIIIe siècle, Renaud de Dammartin, et quatre membres de la famille de Clermont furent inhumés à Saint-Leu. Jusqu’à présent nous ignorons où les corps furent déposés.
Lors des fouilles des années 1950 de nombreux restes humains furent retrouvés à l’intérieur, dans la nef et ses collatéraux. Certains étaient accompagnés de clous, ce qui laisse supposer que les corps étaient dans des cercueils. Toutefois rien n’a permis de les identifier ou de les dater.
Mais, le plus important est la tribune, cet espace aménagé au niveau du premier étage, juste au-dessus de l’avant-nef. La large ouverture pratiquée dans le mur de revers permet de voir les trois travées couvertes de voûtes d’ogives quadripartites fortement bombées. La partie centrale, légèrement plus large que les travées latérales, apporte de la lumière jusque dans la nef grâce à ses deux fenêtres plus grandes que les autres ouvertures. Notez aussi la clef de voûte décorée de quatre têtes rayonnantes, comme au rez-de-chaussée, mais cette fois apparaît une tête de femme.
La tribune représente l’espace liturgique où les moines, nuit et jour, à tour de rôle, venaient réciter les prières et dire les messes demandées par les donateurs s’étant fait inscrire sur le « nécrologue ». Pendant ce temps, la liturgie se déroulait normalement, en dessous, dans le chœur.
La tribune de l’avant-nef est avec le chœur l’espace le plus important de l’église car elle est le symbole du rôle des moines dans la société du Xe au XIIIe siècle. C’est ici qu’ils mettent en application les promesses faites aux donateurs et jouent leur rôle d’intercepteurs auprès de Dieu. La réputation de ceux de Saint-Leu fut telle qu’ils ont réussi, jusqu’au XIVe siècle, à réunir des biens suffisants pour construire et entretenir brillamment le monastère et l’église gothique que nous admirons. À cette époque l’on comptait une trentaine de moines.
Que faut-il remarquer dans la nef
– L’absence du transept.
– Sa composition : une nef centrale avec deux collatéraux et trois niveaux d’élévation.
Au rez-de-chaussée, la nef est séparée de ses deux bas-côtés par des grandes arcades en arc brisé. Côté nord la présence du cloître appuyé contre le mur de l’église obligea à réduire la hauteur des baies du collatéral ce qui explique la dissymétrie avec le côté sud.
Au-dessus, l’élévation est allégée par les petites arcades du triforium qui est éclairé. À l’origine, cet étage donnait directement sur les combles. Mais pour donner de la profondeur on construisit ensuite une étroite galerie qui longeait la nef et dont le mur extérieur fut percé de petites ouvertures. Au XIIIe siècle la galerie fut prolongée afin de rejoindre la chapelle axiale qui venait d’être édifiée au-dessus de la chapelle de la Vierge. Face à la tribune, éclairée par trois fenêtres, celle-ci dominait le chœur. Observez comment les hautes fenêtres réalisées au début du XIIIe siècle et leurs vitraux du XXe siècle se fondent avec l’architecture.
Au cours de la visite, n’oubliez pas de regarder :
– Les voûtes d’ogives. Elles permettent de se situer dans l’église. Les arcs et les ogives, plus souples d’utilisation, se croisent sous la clef de voûte, répartissant la charge, ce qui explique que leur nombre peut varier suivant l’espace et la forme du plan qu’elles recouvrent.
– Les piles et les piliers. Leur forme et leur volume dépendent de la voûte qu’ils supportent et dont ils absorbent les poussées. Dans le sanctuaire certaines colonnes reposent sur une épaisseur de plomb destinée à amortir les chocs lors du tassement du mortier après la mise en place des murs. La différence entre le volume des piliers est aussi utilisée pour distinguer les espaces spécifiques qui composent l’église.
– Les chapiteaux et les clefs de voûte. Comme pour la façade nous retrouvons une très grande diversité. Leur réalisation s’étale dans le temps. On peut voir l’évolution entre ceux du sanctuaire, datant des environs de 1180, et ceux des dernières travées sud (vers1200-1220) ainsi que la progression de la construction de l’église. Les spécialistes retrouvent la patte de sculpteurs d’origines variées : de Picardie, de Paris, de Saint-Denis, dont les constructeurs de Saint-Leu se sont souvent inspirés, mais aussi de Bourgogne et d’Angleterre (Canterburry) pour le sanctuaire. À l’origine l’église était peinte couleur pierre ce qui donnait un aspect très minéral et permettait à la lumière de mettre les décors sculptés en valeur grâce à des effets d’ombre. Mais, dans les régions d’Ile-de-France et de Picardie, au XIIIe siècle, début du XIVe siècle, l’habitude fut prise de peindre les chapiteaux et les piliers en rouge et de mettre en évidence le décor végétal en vert. Ces peintures ont surtout été retirées lors des restaurations afin de faire apparaître les fissures et les dégradations. Dans la nef les chapiteaux restaurés ont été refaits à l’identique, Selmersheim ayant déposé les originaux abîmés dans la tribune.
Le bas côté sud
Avant de partir vers la droite par le bas-côté sud remarquez la petite porte qui permet d’accéder à la tribune et au clocher par un escalier à vis qui est ménagé dans la tourelle extérieure.
Au niveau de la troisième travée la chapelle des fonts baptismaux a été ajoutée fin du XIIIe, début du XIVe siècle. Remarquer la clef de voûte. Les boiseries sculptées qui recouvrent les murs avaient été offertes au XVIIIe siècle pour être installées au-dessus des stalles du chœur des moines. Selmersheim avait ôté ces boiseries pour restaurer les piliers qu’elles avaient abîmés mais ne les avait pas reposées. Elles ont été réutilisées à cet endroit après la reconstruction. Avant les bombardements cette chapelle servait de sacristie. Les murs étaient alors tapissés de simples placards.
Le chemin de croix a été offert par les Jésuites lorsqu’ils ont quitté leur centre du Château des Fontaines à Gouvieux. Ils avaient pris l’habitude de se faire ordonner prêtre dans l’église de Saint-Leu. A hauteur de la croisée sexpartite la petite porte des morts ouvrait directement sur le cimetière des moines. Nous sommes sous la tour sud qui sert de clocher. On peut voir dans la voûte les orifices par lesquels passaient les cordes destinées à actionner les cloches. Au moment de la Révolution la Municipalité envoya les 3 cloches qui avaient été réquisitionnées au district de Senlis. Une seule fut réinstallée et baptisée en 1849.
À ce niveau s’ouvre la porte de l’escalier logé dans le contrefort, à l’angle sud-ouest de la tour, qui permet d’accéder au triforium, à la tour sud et à l’horloge.
Le déambulatoire et les chapelles
Avancez dans le déambulatoire qui contourne la colonnade qui délimite le sanctuaire. À l’extérieur, cinq chapelles rayonnantes contiguës ouvrent largement sur cet axe de circulation.
Cet ensemble permettait de canaliser les pèlerins qui venaient prier et déposer leurs offrandes dans les chapelles dédiées à leurs saints préférés. Delphine Hanquiez fait remarquer que l’usage d’un tel plan du chœur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes contiguës n’était pas dénué d’un message politique. Les commanditaires, qui faisaient partie de l’entourage royal, montraient ainsi la puissance et la richesse du monastère de Saint-Leu qui osait reproduire ce qui caractérisait les premières grandes cathédrales et abbatiales gothiques considérées comme le joyau de l’époque.
Vers 1140, alors que l’avant-nef se terminait il fut décidé de laisser quelques compagnons terminer le clocher, et d’envoyer les autres commencer le chevet d’une nouvelle église plus majestueuse, au bord de l’éperon rocheux, 32 mètres plus loin.
(Ne peut-on pas voir dans cette décision la raison pour laquelle le deuxième clocher n ‘a pas été érigé ? On peut supposer que le comte de Clermont et le Prieur ayant décidé de construire une église particulièrement prestigieuse, plus grande encore que la cathédrale de Senlis, ont jugé inutile de construire la deuxième tour. Pourquoi ériger un deuxième clocher qu’il faudra détruire avec l’église romane car il ne sera plus en harmonie avec le vaisseau que l’on veut offrir à Dieu. Aussi, pendant que certains maçons terminaient la flèche, ceux qui devaient commencer la tour ont été envoyés élever le soubassement du chevet laissant la façade inachevée. Mais pour une raison que nous ignorons, l’avant-nef n’a pas été détruite.
Ce n’est qu’une hypothèse. Actuellement rien n’a été trouvé qui permette d’apporter la réponse à « la Question » que beaucoup de visiteurs se posent.)
Alors qu’ils achevaient les murs des chapelles, des troubles ayant malmené les finances du monastère le chantier s’arrêta. Le prieur fit alors appel à son parent le comte de Clermont qui, une nouvelle fois, se montra généreux. En particulier il transféra la foire de sa châtellenie de Creil à Hescerent. Il est très vraisemblable que l’on ait fait coïncider cette foire avec la fête du saint patron de l ‘église, saint Leu (le 1er septembre). Elle peut aussi être considérée comme le point de départ d’un pèlerinage autour de ce saint qui guérissait de la peur et des convulsions. Toutes ces décisions permirent d’accroître les ressources du prieuré nécessaires à la poursuite du chantier. (On commença à parler de Saint Leu de Hescerent à partir de cette époque.)
La prospérité revint. Les travaux reprirent après 1170 mais les techniques avaient évolué et l’art gothique s’était affirmé.
Observez la voûte du déambulatoire et les chapelles.
Pour épouser la forme tournante du déambulatoire les travées couvertes de voûtes d’ogives sont trapézoïdales. Les chapelles s’ouvrent ainsi largement vers l’intérieur ce qui accroît l’impression d’espace, inhabituelle dans une église.
Les chapelles sont décorées simplement et éclairées par deux fenêtres. Lors de la construction, celles-ci étaient semblables à la première fenêtre du déambulatoire, la seule d’origine. Au XIIIe siècle, le maître d’œuvre répondant au besoin de clarté du gothique agrandit les ouvertures pour faire entrer plus de lumière et réalisa des fenêtres à réseaux typiques du gothique rayonnant. Après 1875 Selmersheim restaura la chapelle de la Vierge, qui supportait la chapelle du premier étage et celle de saint Leu toutes deux fortement endommagées. Par souci de solidité, il diminua les ouvertures et revint à l’aspect des fenêtres d’origine. Au cours des siècles l’église connut très souvent de gros problèmes du fait que par endroits la pierre dure de Saint-Leu a été utilisée avec la pierre tendre de Saint-Maximin qui supporte plus difficilement le poids de la construction. Ceci fragilise l’édifice et explique qu’avec le temps il soit devenu nécessaire de procéder à certaines restaurations.
La première chapelle sud est dédiée à saint Benoît, qui rédigea la règle bénédictine. Remarquez la statue du saint datant du XIVe siècle.
Vient ensuite la chapelle dédiée à saint Leu. La statue du saint est une copie ancienne dont une reproduction fait partie des collections du Musée des Monuments Français, à Paris. Lors des travaux de remise en état de l’église, vers 1955, on a retrouvé la statue datant du XIIIe siècle dans le remblai le long du chevet mais, sans tête et sans mains. Elle est visible au Musée de la Guesdière.
La chapelle centrale, la plus large, est dédiée à la Vierge comme le veut la tradition. Observez l’originalité de la statue du XIVe siècle.
La suivante était à l’origine dédiée à saint Sixte. En 1663 cette chapelle devint celle de saint Nicolas lorsque les moines la confièrent à la confrérie des mariniers, qui venait de se créer, et qui leur avait demandé une chapelle à décorer pour la célébration de la fête de leur saint patron. Jusqu’en 1944 on pouvait y voir des maquettes de bateaux accrochées en « ex-voto ». Celles qu’il a été possible de restaurer sont visibles au Musée de la Batellerie à Conflans-Sainte-Honorine. L’une d’entre-elles, représentant une « besogne », bateau qui transportait les marchandises et surtout les pierres de la région, est revenue à Saint-Leu en novembre 2010. Elle est exposée au Musée de la Guesdière. À droite, on peut voir un vestige de la première polychromie couleur pierre qui recouvrait toute l’église et sur laquelle étaient dessinés de faux joints blancs très réguliers. Ils créaient un décor peint idéal cachant les irrégularités et la diversité des blocs de pierres utilisés. L’appareillage artificiel, mais parfait, faisait oublier les imperfections. On obtenait un effet d’unité et un ensemble harmonieux qui devaient aider à rechercher la perfection spirituelle. Sur un plan plus pratique, il ne faut pas oublier que les cierges et les chandelles noircissaient les chapelles ainsi que les murs et les piliers près desquels les candélabres étaient posés. La réalisation d’un nouveau décor peint était plus facile et moins onéreuse que le nettoyage de la pierre. Cela permettait de donner régulièrement « un coup de jeune » à l’édifice.
La dernière chapelle est plus petite que les autres à cause de la présence, au moment de la construction, d’un bâtiment conventuel dont l’amorce avance en éperon. À partir de 1528 elle fut dédiée, entre autres, à Sainte Opportune, bénédictine dont le corps reposait à Cluny, et dont les moines avaient obtenu un bras qu’ils exposaient dans une châsse. Elle est actuellement dédiée à Jeanne d’Arc (canonisée en 1920).
Un peu plus loin, sur le mur nord, existe encore un vestige du deuxième décor peint couleur pierre, réalisé au XIVe siècle, mais, à cette époque, on avait pris l’habitude de traiter les joints non plus en blanc mais en rouge.
Avant de quitter le déambulatoire, regardez entre les colonnes de l’hémicycle l’ensemble de l’église.
Au fond le mur de revers, complètement désaxé, semble s’être glissé là comme un intrus et appartenir à un autre édifice. Si l’on suit la thèse de Delphine Hanquiez selon laquelle une église romane fut construite avant 1081 et détruite lors de la construction de l’église actuelle, on comprend mieux la présence et l’aspect de ce mur plaqué au bloc occidental qui a été conservé bien qu’il soit décalé par rapport à la nef.
La rosace n’a été percée qu’au XIIIe siècle. Vue de l’extérieur elle apparaît au centre de la façade alors qu’elle est totalement décentrée quand on la regarde à partir du chœur. Détruite en 1944 elle a été reconstruite à l’identique. En 1960 Max Ingrand en a refait le vitrail qui représente le Jugement Dernier.
Les murs de la nef se déversent vers le haut. Le phénomène d’écartement des voûtes semble avoir existé dès le début du XIIIe siècle. L’architecte a essayé de trouver une solution en mettant en place des arcs-boutants que nous verrons de l’extérieur. Delphine Hanquiez suppose que ces derniers n’ont pas été appliqués au bon endroit et contrebutent insuffisamment la poussée des voûtes. Lors des restaurations des années 1840 l’architecte Ramée posa des tirants métalliques pour maintenir l’écartement intérieur. Les voûtes ayant été fragilisées le 5 août 1944 par l‘explosion de la bombe, l’architecte Paquet mit au point un système, expérimenté à Saint-Leu, utilisant des pinces en béton armé qui passent en arc au-dessus de la voûte et assurent ainsi sa solidité.
Quittez le déambulatoire et avancez à gauche dans le chœur.
Le chœur
Le chœur est composé de trois parties définies par la différence de leur couvrement : le sanctuaire, la partie transitoire et le chœur des moines.
Le sanctuaire, légèrement surélevé par rapport au reste de l’édifice, est couvert par une voûte à huit branches rayonnant autour d’une clé sculptée. En son centre, le maître-autel des moines est dédié à saint Leu. Une grille disposée entre les colonnes de l’hémicycle avait été ajoutée au XVIIe siècle pour clore cet espace. Fortement abîmée à la suite des bombardements, elle a été supprimée ainsi que la petite rambarde basse et son portillon qui ouvrait sur la zone de circulation matérialisée par une voûte d’ogives quadripartite. À cet endroit, les gros piliers composés qui cernent l’espace font partie des éléments qui soulagent les bas-côtés chargés de supporter les tours dont on ne détecte pas la présence depuis l’intérieur.
La travée double qui suit accueillait le chœur des moines délimité par des piliers plus volumineux et mis en évidence par sa voûte d’ogives sexpartite. De chaque côté, il était séparé des collatéraux par une double rangée de stalles en bois, 14 au niveau inférieur, 20 au niveau supérieur. Celles-ci ont disparu le 5 août 1944 au cours du bombardement. Les stalles d’origine ont brûlé lors de l’incendie provoqué par les Anglais en 1458. Les moines ont retrouvé des fagots calcinés à l’emplacement des sièges.
Revenez vers le sanctuaire.
Nous avons vu que, pour les Clunisiens, l’église est la « Maison de Dieu » et que rien n’est trop beau pour lui. Mais on peut aussi penser que le comte de Clermont, Connétable du roi Louis VII, envisageait de faire de cet écrin le lieu de sépulture de sa famille, à l’image des rois de France qui reposaient dans l’abbatiale de Saint-Denis.
Ici se trouvent les colonnes les plus élégantes, le calcaire au grain le plus fin, si fin que parfois on le croit poli, les sculptures les plus soignées, les chapiteaux marqués par le gothique le plus récent. Les espacements entre les colonnes sont inégaux car ces dernières sont disposées par rapport aux fenêtres des chapelles rayonnantes qui n’ont pas la même largeur. Celui du milieu, le plus large, correspondant à la chapelle de la Vierge, apporte un effet d’ampleur et laisse entrer librement la lumière dans le chœur. De la nef, rien ne retient l’œil, sauf la statue de la Vierge qui apparaît juste au-dessus de l’autel du sanctuaire. D’autre part, tangente de chaque côté des fûts, la lumière diminue la surface des colonnes, ce qui accentue leur finesse tout en gardant une certaine présence. L’architecte obtient ainsi un effet de légèreté et de volume.
Malgré sa simplicité, le sanctuaire donne une impression d’élégance et de puissance.
Le bas côté nord
Le déambulatoire se prolonge par le bas-côté nord.
À droite, la porte donne sur une chapelle, construite aux alentours de 1909, qui sert de sacristie et où se dit la messe en hiver. Un peu plus loin, une autre petite porte ouvre sur l’extérieur. À l’origine elle devait permettre aux moines de communiquer directement avec les bâtiments monastiques.
À gauche, à hauteur des huitième et septième travées, côté nef, lors des travaux de restauration de la zone la plus endommagée par la bombe ont été découverts les restes d’une église carolingienne, puis, plus en profondeur, huit sarcophages mérovingiens datant du VIIe siècle. Ils sont toujours en place.
Entre les deux piliers limitant la septième travée repose le gisant de Renaud de Dammartin, descendant direct d’Hugues de Dammartin, mais, comme nous l’avons vu précédemment, nous ignorons où se trouve le corps. Au moment de la Révolution ce gisant a été transporté sur la place de l’église. Il fut déposé à l’emplacement actuel vers 1880. Une fiche explicative qui retrace l’histoire de Renaud est à votre disposition.
Dans la travée suivante sont présentés différents pavages retrouvés lors des fouilles. Ceux en terre rouge formant mosaïque, les morceaux plus petits et les pavages décorés ont été découverts dans l’église carolingienne en 1954-1955. Les petits colorés et vernissés ont été retrouvés dans le remblai lors du dégagement de la base du chevet.
À hauteur des quatre premières travées du bas-côté nord, une étroite tablette de pierre avance en saillie le long du mur. Au-dessus on peut découvrir des restes de peintures rouges, vertes, jaunes, que l’on retrouve aussi sur les chapiteaux qui leur font face. Ces traces marquent l’emplacement de l’église paroissiale dédiée à saint Nicolas réservé par les moines aux Lupoviciens (nom que portent les habitants de Saint-Leu). Avant la statue de sainte Thérèse vous avez pu voir accroché au mur un retable remarquable du XIVe siècle, représentant l’histoire de saint Nicolas autour d’une Crucifixion centrale, et portant encore des traces de polychromie. On suppose qu’il se trouvait au-dessus de l’autel de la paroisse dédié lui à Saint Nicolas. Actuellement, à cet endroit, sont exposés une ancre et un dessin représentant une besogne.
L’église de Saint-Leu, par sa double affectation, prieurale et paroissiale, avait posé un problème aux Clunisiens. Ils avaient trouvé comme solution son partage en plusieurs espaces : le sanctuaire pour accueillir l’autel, le chœur des moines pour les religieux, la nef pour les pèlerins et les visiteurs et cette partie matérialisée de la nef et du bas-côté nord pour les Lupoviciens qui, ainsi, ne gênaient ni les moines qui pénétraient à hauteur de la huitième travée ou par l’allée centrale, ni les pèlerins qui pouvaient gagner aisément les chapelles. Il faudra attendre la fin de la Révolution et le XIXe siècle pour que l’église redevienne une simple paroisse desservie par un curé, les moines ayant toujours pris la paroisse en charge.
Les deux sarcophages, datés du IVe siècle, déposés de chaque côté de l’entrée de la nef, n’ont rien à voir avec l’église. Ils proviennent de fouilles qui, en 1953, ont mis au jour un village de tailleurs de pierre sur le territoire de Saint-Leu, en limite de Thiverny.
Avant de quitter le bas-côté regardez devant vous le vitrail réalisé par Barillet représentant saint Jean-Baptiste, humble pèlerin recouvert d’une peau de bête, qui semble entrer discrètement dans l’église par la petite porte.
La nef
Il est difficile de dater le début de la construction de la nef car elle prolonge le chœur des moines. Il semble qu’elle ait été commencée avant que les parties hautes du chevet soient terminées. Seule l’enfilade des six voûtes quadripartites sur plan rectangulaire, qui relie le chœur à la façade, nous permet de la matérialiser. Les spécialistes y détectent un calcaire plus grossier, un travail moins méticuleux, ce qui nous indique une certaine différenciation par rapport à l’espace religieux et nous rappelle que nous sommes dans la partie réservée aux fidèles.
Lors de la construction l’architecte a rencontré des difficultés. Le côté nord de la nef était tributaire du bas-côté qui, lui-même, se construisait en parallèle avec le cloître appuyé contre lui. De plus, l’église paroissiale romane était au milieu du chantier. Nous ne savons pas exactement quand elle a été démolie. L’évacuation des gravats se faisait probablement au niveau de l’emplacement des quatre premières travées sud, le seul endroit en liaison directe avec le parvis, ce qui explique qu’elles aient été construites les dernières et que leurs chapiteaux soient marqués par l’art gothique classique le plus élaboré.
D’autre part, la nef est légèrement décalée par rapport au mur de façade, ce qui entraîne le fait que les piles nord ne sont pas exactement face aux piles sud. Ceci n’a pas été sans provoquer des complications lors de la construction des voûtes.
Avant les bombardements, entre les deux piliers de la cinquième travée sud, se trouvait le banc d’œuvre surmonté d’un dais en bois. Au-dessus, la très grande statue d’un Christ en croix accrochée à l’arcade rejoignait le dais. Le banc d’œuvre a été démonté et conservé dans la tribune de l’avant-nef, seul subsiste le Christ que vous pouvez voir actuellement. De l’autre côté de la nef, la chaire à prêcher, surmontée elle aussi d’un dais en bois ouvragé, a également disparu.
Avant de quitter l’église, jetez un dernier coup d’œil à l’ensemble du vaisseau ; vous serez frappé par l’importance de la lumière qui enveloppe le chœur. Il se dégage une impression d’harmonie, d’équilibre et de paix incitant au recueillement.
En quittant l’avant-nef, prenez à droite le portail qui marquait l’entrée du prieuré au XIIe siècle.
L’extérieur
Nous entrons dans la cour sur laquelle ouvraient le cloître et les bâtiments conventuels. Nous passons sous l’encadrement de la porte qui devait donner sur l’accueil. À gauche subsiste la marque d’une fenêtre. L’actuelle sacristie et le mur nu du bas de l’église nous aident à imaginer une des galeries du cloître dont on peut apercevoir les vestiges des ailes ouest et nord en regardant par dessus le mur.
Nous arrivons sur une terrasse, qui prolonge celle du Prieuré, d’où l’on domine la vallée de l’Oise et le parc de la Mairie. Elle se termine par le mur de soutènement qui rejoignait au sud celui du cimetière des moines en contournant le chevet et en formant un passage qui permettait de faire le tour complet de l’église. Vers 1955, lors de la remise en état à la suite des bombardements, ce mur a été retiré afin de redonner au chevet son aspect d’origine et le mettre en valeur. C’est dans ce remblai dégagé que l’on a retrouvé la statue de saint Leu sans tête ainsi que les pavages colorés.
Nous devons au restaurateur Selmersheim le chevet élégant que nous admirons. À la fin du XIXe siècle un toit partait du rebord des fenêtres hautes du chevet et se terminait en s’appuyant sur le haut des murs de l’ensemble des chapelles rayonnantes. La foudre ayant détérioré la tour nord le 8 mai 1904 Selmersheim profita des travaux de restauration, et de ceux exigés par les chapelles en très mauvais état, pour apporter des transformations judicieuses. En particulier il supprima la toiture qui obstruait les baies du triforium, redonnant ainsi de la lumière à l’intérieur, et dota chaque chapelle d’une toiture conique qui lui est propre faite en écailles de pierre comme le clocher de la façade. L’ensemble a gagné en légèreté et en élégance. Ces travaux se sont déroulés de 1906 à 1909.
Revenez sur vos pas et traversez le parvis pour gagner le Jardin de l’abbatiale, côté sud, d’où l’on a une jolie vue sur Saint-Leu d’Esserent.
Si l’on regarde l’église en prenant un peu de recul l’édifice apparaît dans toute sa longueur. Ce qui frappe d’abord c’est l’importance du chevet par rapport à la nef que l’on peut délimiter par ses six fenêtres hautes de l’époque gothique classique. Cette image nous montre la place prise par Dieu dans le cœur des bénédictins.
De cet endroit on peut aussi visualiser l’évolution de la construction. Le clocher fait corps avec l’ensemble, mais il se distingue du reste de l’édifice. La simplicité des fenêtres du XIIe siècle, dont le vitrage est consolidé par une armature métallique, contraste avec le dessin plus élaboré de celles des XIIIe et XIVe siècles. Ces dernières, placées très haut, étaient à la merci de la poussée des vents. L’architecte les a renforcées en les divisant en deux lancettes au-dessus desquelles il construisit un tympan de pierre qu’il décora d’un oculus orné de six lobes. En revanche, celles des chapelles du chevet, plus tardives, sont beaucoup plus ouvragées.
Les arcs-boutants à double volée contrebutent la poussée des voûtes et de la toiture. Au début du XIIIe siècle ce système semble avoir été utilisé pour la première fois à Saint-Leu. L’architecte a peut-être été amené à trouver cette sécurité étant donné la position de l’édifice au bord du promontoire. La quatrième fenêtre haute est encadrée d’arcs-boutants à trois volées. Vers 1845 l’écartement des voûtes posait de sérieux problèmes. Nous avons vu que l’architecte Ramée plaça des tirants métalliques à l’intérieur de l’église, puis il restaura les arcs-boutants défectueux avec des pierres tendres de Saint-Maximin. Jugeant le résultat insuffisant il ajouta les deux volées intermédiaires pour consolider l’ensemble. Mais cette restauration fut peu appréciée. Pour le côté nord, son remplaçant, l’architecte Verdier, épaissit les arcs-boutants avec des pierres dures afin de les renforcer.
De part et d’autre du chevet les deux tours couvertes par un toit à deux pentes, fréquentes à l’époque carolingienne, sont redevenues à la mode à la fin du XIIe siècle en Picardie et en Ile-de-France. La tour nord a subi bien des avatars. Elle a été endommagée par la foudre dès le début du XIIIe siècle, puis en 1904 et, en 1944, c’est une bombe qui l’a en partie démolie. Nous avons vu que la tour sud sert de clocher.
Si vous observez le mur du chevet vous verrez les trous de boulin non rebouchés et d’autres traces laissées par les différents échafaudages ce qui permet de suivre l’évolution du chantier. Lors de son étude minutieuse, Mademoiselle Hanquiez s’est aperçue que le mur de soubassement a été construit entre le mur nord et le mur sud d’une façon telle qu’il s’est élevé à l’horizontale, comme un ascenseur. Cette technique a permis au chevet d’enserrer plus étroitement l’ensemble des terres de l’éperon rocheux sous les chapelles. Malgré cela la situation en pointe peut en partie expliquer la fragilité de la structure qui supporte le poids de ces chapelles. Elle a demandé la construction d’arcs-boutants et exigé au cours des siècles, et encore actuellement, de nombreuses restaurations et beaucoup de vigilance.
Dans les années 1980 le mur de soutènement du jardin face à l’entrée de la Mairie s’est effondré sous la poussée de la terre. Les grands travaux entrepris alors ont permis de réaliser les premières fouilles sérieuses à l’extérieur de l’église ; elles furent dirigées par Monsieur Jean-Louis Bernard. Sept squelettes inhumés en pleine terre et répartis sur toute la surface du terre-plein ont été retrouvés sans mobilier funéraire, ce qui exclut toute datation. Le jardin a été aménagé en 2005.
Redescendez par l’escalier qui a été créé le long du mur de l’église lors du dégagement du chevet dans les années 1950 et qui permet de gagner rapidement la Mairie et le Musée de la Guesdière.
Depuis les dernières marches cherchez sur le mur les marques des tailleurs de pierre que vous retrouverez à partir du trottoir sur la base du chevet. Ce sont des traces identiques qui existent dans l’avant-nef qui permettent d’affirmer que ce sont les mêmes ouvriers qui ont participé à la construction de la façade et qui ont commencé l’édifice gothique.
Traversez la rue pour vous diriger vers le Musée qui ouvre dans la cour du Château de la Guesdière où est installée la Mairie.
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Pour rédiger ce document j’ai utilisé les écrits de Monsieur DURVIN qui effectua des fouilles, auxquelles j’ai participé ponctuellement, lors de la reconstruction de l’église dans les années 1950. Mais mon travail a surtout pris pour bases les recherches minutieuses et faites scientifiquement par Delphine HANQUIEZ pour sa thèse de doctorat soutenue à Lille le 5 mai 2008 et par Gautier POUPEAU pour son mémoire de maîtrise soutenu en 2003. J’ai aussi fait appel à ma mémoire. Mon grand-père était enfant de chœur alors que Selmersheim effectuait ses travaux de restauration, et avait une vingtaine d’années quand ce dernier transforma le chevet. Il participa à la reconstruction de l’église après la guerre et aux recherches pour l’élaboration des pinces en béton destinées à consolider les voûtes. J’ai retrouvé ce qu’il m’avait souvent raconté au cours de mon adolescence dans la thèse de Delphine Hanquiez, mais, replacé dans l’Histoire et présenté de façon scientifique.
Le livre d’Albert FOSSARD apporte des renseignements mais il s’agit du travail d’un architecte né dans les années 1860, sous Napoléon III, et qui, dans les années 1920 entreprit des fouilles en amateur curieux afin de connaître les richesses et le passé de sa propriété.
D’autres recherches sur l’église et un travail méthodique sur le Prieuré nous apporteraient énormément sur l’histoire de Saint-Leu d’Esserent. Nous fondons beaucoup d’espoir sur l’exploitation systématique des archives rapatriées au pôle culturel de Saint-Leu. J’espère que, très vite, un étudiant, ou un « passionné », découvrira la réponse à « nos questions » et entreprendra une réactualisation du travail que je viens de terminer en septembre 2011.
Annette METZLER en collaboration avec Delphine HANQUIEZ que je remercie vivement d’avoir accepté que j’utilise sa thèse de Doctorat pour essayer de réactualiser nos connaissances sur l’église de Saint-Leu d’Esserent.